Etant plongé depuis plusieurs décennies dans des archives sonores de toutes sortes relatives aux œuvres d’Offenbach – les premières remontant déjà à plus d’un siècle, ce bain nous permet d’avoir une idée assez précise des tempi souhaités par le compositeur pour chacune de ses œuvres. D’ailleurs, à part quelques règles d’interprétation de base comme la nécessité d’un jeu court et léger ainsi que l’interdiction d’ajouter des phrasés intempestifs – prenons la bonne habitude de traiter Offenbach avec la même délicatesse que Mozart, c’est à mon avis sur la recherche et surtout la découverte du bon tempo que repose en grande partie la justesse de l’interprétation des œuvres. Contentons-nous de jouer pour le mieux et le plus fidèlement possible ce que le Maître a écrit sur ses partitions et ce sera déjà fort bien. Productions après productions, je dois malheureusement déplorer de la part de la plupart des chefs d’orchestre d’aujourd’hui une réelle méconnaissance des traditions. Certains alourdissant considérablement le propos et traitant cette musique toute mozartienne avec des effluves de postromantisme germanique inadéquat, d’autres péchant par excès inverse – « toujours plus vite », et laissant seulement quelques lambeaux de chair sur une interprétation exsangue et bien décharnée, voire squelettique. Nombre de jeunes (ou moins jeunes) chefs sont venus me trouver modestement – et c’est tout à leur mérite, lors de répétitions, en me disant « je ne connais rien à ce répertoire. Que dois-je faire » ? C’est pour eux que m’est venue l’idée de consigner un catalogue de tempi que je crois être justes. Tout étant relatif bien entendu et chaque interprète pouvant y apporter sa touche personnelle, ça va de soi. Si Offenbach avait noté des indications métronomiques sur ses partitions, il nous aurait bien facilité la tâche et cette liste n’aurait tout simplement pas lieu d’être. Or ce n’est pas le cas, et les indications que l’on trouve parfois dans les réductions chant-piano ont été rajoutées par les éditeurs et reposent seulement sur les souvenirs de répétitions consignés par l’arrangeur lui-même.